Quel est ce grand navire éclaboussé de gloire
ce grand corps de pierres
agenouillé devant la lumière du soir ?

Est-ce une épave abandonnée
échouée du passé
vieille carcasse blessée
où le vent efface ce que l’histoire a écrit ?

Quel est ce grand navire de peau et de pierre
enlisé dans les terres
comme un fier arbre mort
naufragé des mondes en miettes
des odeurs d’incendies
et des torrents de pendus ?

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Quel est ce grand navire soudain sorti de lui-même
et qui nous regarde immobile comme le front ?

Va-t-il rompre les amarres ?

Quelle est cette coque de pierres et de ciel qui lutte ?

Est-ce le vaisseau de l’avenir
encore en chantier
avant d’appareiller dans un cortège de soleils
vieux monde de pierres qui s’enlève et s’envole ?

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Quel est ce grand navire entrant dans la mer avec ses éperons
goélette des océans de prés
des marées de coquelicots et de hautes marguerites
des vagues de boutons d’or
et de houles de blé ?

Quel est ce grand brick à deux ponts de haut bord
qui a ouvert en grand tous ses sabords
vitraux aux gueules de bronze
non pour cracher la guerre
mais pour se réveiller à la paix ?

Quel est ce grand navire
pour quelles terres lointaines
vaisseau pour quel espace
pour quels matins nouveaux et sous quelles misaines ?

Pour quelle vie et pour quels voyages ?

Quel vent et quelle route
avec quel équipage ?